AKRIVIA, l’architecture du temps

Montres-Akrivia-Geneve

Difficile d’errer autour de la sphère horlogère Genevoise sans avoir entendu parler d’Akrivia et de son jeune fondateur Rexhep Rexhepi . Amateurs de belle horlogerie ou aficionados de design et de lignes épurées, Akrivia travail à trouver cet équilibre entre traditions horlogères et modernité du design.

Petite marque encore « confidentielle » et artisanale, Akrivia vise une production de 25 montres pour l’année à venir.

Des garde-temps singuliers et d’une qualité irréprochable qui méritent amplement qu’on s’y intéresse de plus près.

C’est en 2012 que Rexhep se lance et fonde sa propre société, l’envie de devenir indépendant lui est vite venue. A 11 ans, il arrive en Suisse avec sa famille en provenance du Kosovo d’où il est originaire. Embauché comme apprenti chez Patek Philippe à l’âge de 14 ans, Rexhep tirera sa force et sa ténacité de son parcours atypique.

Déjà à cette époque, dans les premières années d’apprentissage, il avait cette envie d’exprimer sa propre vision de l’horlogerie. Quel meilleur endroit pour apprendre la belle horlogerie que « l’école » Patek Phillipe ?

Akrivia-Rexhepi

Il y passera 5 années avant d’aller consolider son expérience dans les complications chez BNB pendant 3 ans. Puis, il rejoindra l’équipe de FP Journe (2 années). En bref, Rexhep a été formé aux écoles les plus exigeantes et cela s’en ressent logiquement dans son travail.

Akrivia-Rexhepi-montres

Quand on rentre au n°1 de l’avenue Krieg dans le quartier de Champel à Genève, l’espace en deviendrait presque pesant. Un énorme showroom doublé d’un espace identique pour l’atelier. Ici, le showroom n’est pas vraiment séparé de l’atelier, c’est une volonté de Rexhep. Un atelier à l’ancienne dans un espace très contemporain, un état d’esprit qui se retrouve à fond dans les garde-temps de la marque.

Akrivia-watches

Quand j’utilise l’adjectif « ancien » pour qualifier l’atelier d’Akrivia, n’y voyez aucun jugement négatif, bien au contraire, ici on ne ment pas, tout est là, sur les établis, et les diverses machines servant à la finitions des pièces sont éparpillées dans ce grand espace.

Le frangin, Xhevdet, est présent à l’établi, anglant au buis un pont de barillet. Tout en discrétion Xhevdet Rexhepi fait parti intégrante d’Akrivia. Suivant le parcours de son frère ainé : apprentissage chez Patek, CFC a l’école d’horlogerie de Genève, les traditions horlogères suisses sont devenues une histoire de famille chez les frères Rexhepi.

Chez Akrivia on aime les tourbillons, les 3 modèles de la gamme actuelle en sont pourvus. Le tourbillon, organe de régulation remplaçant le traditionnel balancier-spiral est déjà une complication en soi visant à améliorer la précision de la montre. D’ailleurs, le nom Akrivia est tiré du grec ancien signifiant « précision », le ton est donné.

TOURBILLON MONOPUSHER CHRONOGRAPH

Akrivia-TOURBILLON-MONOPUSHER-CHRONOGRAPH

Le premier modèle réalisé par Akrivia est un chronographe monopoussoir tourbillon. Un seul poussoir permet de démarrer, arrêter et remettre à zéro le chronographe.
Le boitier de la montre est résolument moderne avec un design fluide. Ce boitier à la personnalité forte deviendra une des marques de fabrique d’Akrivia. Les 3 modèles actuels en sont habillés. Bien que très moderne, ce boitier garde un coté intemporel par sa sobriété et sa finesse.

Au niveau du cadran, on reste dans une approche moderne et personnelle du Chronographe. On ne peut pas dire : « Ah tiens cela ressemble à une … », non. Ici, on s’inspire d’éléments extérieurs à l’horlogerie et cela fonctionne à merveille.
C’est cela qui donne à cette marque une identité propre et affirmée.
Le cadran est habilement ajouré, il laisse entrevoir le tourbillon, bien entendu, mais aussi la roue à colonne du chrono a midi et un des mobiles du Chrono. Les 2 compteurs sont eux aussi ajourés et permettent d’admirer le mécanisme. Une réserve de marche en forme de jauge est aussi présente sur ce cadran, certes chargé, mais très équilibré et restant agréable et simple à lire.
La recherche d’un design unique tient à cœur à Rexhep jusqu’au niveau des aiguilles dites « Glaives » propres a Akrivia.

TOURBILLON-MONOPUSHER-CHRONOGRAPH-Akrivia

Concernant le mouvement de ce Tourbillon Chronographe monopoussoir, nous sommes sur une base BNB entièrement fini, décoré main et assemblé chez Akrivia.
A l’heure où malheureusement les métiers et traditions horlogères de la décoration tendent à se perdre, chez Akrivia, on perpétue ces savoirs pluriséculaires, à la main en utilisant des outils n’ayant pas ou très peu changé depuis les débuts de l’horlogerie sans omettre d’y intégrer sa touche personnelle.
Sur ce calibre, comme sur les autres d’ailleurs, le travail de déco est juste époustouflant et deviendra aussi l’une de leurs marques de fabrique.
La découpe de la serge et des bras des roues leur donnant une allure fines et fuselées est propre à la marque. Les roues de chrono sont anglées manuellement, tous les éléments en aciers sont décorés d’angles rentrants, limés, polis et satinés à la main.
Platines et ponts sont également magnifiquement anglés et perlés (verso) à la main tout comme les côtes de Genève sur le recto des ponts.

En acier ou en or rose avec une déclinaison de 4 couleurs de cadran, ce chronographe monopoussoir tourbillon est vraiment une pièce magnifique et novatrice. Un concentré de traditions et de créativité joliment abouti.

TOURBILLON HOUR MINUTE

Akrivia-TOURBILLON-HOUR-MINUTE

Passons au second modèle de la gamme Akrivia, le Tourbillon Heure Minute, mon préféré par son look hors temps. N’en déplaise à un certain horloger ; pour moi c’est la montre que le capitaine Nemo aurait pu porter dans son bathyscaphe. Toujours sur la même base de boite, cette montre est une éloge au tourbillon. On ne voit que lui et la belle paire d’aiguilles « Glaive ». La sobriété de la boite et du cadran renforce encore cet effet « focus » sur le tourbillon. Les yeux ne se perdent pas dans des détails futiles, on va droit a l’essentiel et cela marche carrément. Une plaque vissée figurant le nom de la marque (gravée main) habille ce cadran a midi.

TOURBILLON-HOUR-MINUTE-Akrivia
Concernant le mouvement, on est sur une base similaire à celle du chrono. Le niveau des décorations, toutes réalisées main dans l’atelier Akrivia, est identique à celle du précédent modèle : angles rentrant, côtes de Genève, poli bloqué. Bref, un niveau de finitions très élevé ne se retrouvant que dans les garde-temps Suisse très haut de gamme.

TOURBILLON CHIMING JUMP HOUR

Une nouvelle étape pour Akrivia

Akrivia-Tourbillon-Chiming-Jump-Hour

Le troisième modèle symbolise un tournant pour la marque : leur premier mouvement entièrement conçu en interne. Pensé, dessiné, prototypé par Rexhep et Xhevdet. Là où certains seraient partis sur une simple trois aiguilles, Akrivia commence fort avec un mouvement à 3 complications.
Cela donne le ton et le niveau d’ambition des bonhommes. Le Tourbillon Chiming Jump Hour comme son nom l’indique est un tourbillon à heures sautantes (disque dans un guichet au centre de la montre) avec sonnerie au passage des heures.

Akrivia-watches-tourbillon
Toujours la même boite, un design assez semblable a celui du Tourbillon Heure Minute, sobre et épuré. Un guichet à midi permet d’admirer le marteau de la sonnerie.
Une magnifique aiguille de minute adaptée au guichet des heures, née d’un design perso, est du plus bel effet. Le tourbillon est impressionnant par sa finesse (0,36g) et par son niveau de finitions.
Ce mouvement né d’un design perso est vraiment magnifique. Les ponts laissent tout le plaisir d’admirer les rouages au verso de la montre dans une symétrie rappelant un peu les mouvements début du siècle.

Tourbillon-Chiming-Jump-Hour-Akrivia
D’ailleurs, il faut soulever le fait qu’Akrivia a été sélectionné pour le GPHG (Grand Prix d’Horlogerie de Genève), ce qui pour une première réalisation in-House est plutôt pas mal, surtout dans la catégorie des montres à sonneries.
Niveau finitions et décorations de ce mouvement, toujours les mêmes « standards » Akrivia : tout est réalisé à la main, dans les moindres détails : angles rentrants polis bloqués, côtes de Genève, perlage manuel des versos de pont, satinage, rhodiage bicolore, cerclage, gravure main.

La sonnerie au passage des heures peut être désactivée directement sur la couronne de la montre. Un indicateur de mise sous silence vient se coller contre le marteau visible dans un guichet à midi.
Un timbre riche et profond mais qui malheureusement, à mon gout, manque un peu de puissance. Attention les seules comparaisons que je puisse faire sont avec Patek Philippe ou Audemars Piguet qui excellent dans ces complications depuis plus d’un siècle.
Alors il faut relativiser, cette pièce est une réussite même au niveau de la sonnerie, cela serait quand même un comble qu’Akrivia parvienne, dès son premier modèle à sonnerie à égaler la qualité acoustique des spécialistes du domaine. Il est certain que, dans les années à venir, Rexhep et Xhevdet y arriveront.

J’ai essayé tout au long de cet article de mettre en avant l’état d’esprit et la direction suivi par la marque.
Sur un créneau du très haut de gamme artisanal, Akrivia s’est déjà fait un nom dans le petit monde horloger Suisse.
A quoi ressemblait l’atelier de Voutilainen ou de FP Journe au début de leur aventure ? Sûrement à celui des frères Rexhepi, débordant d’idées, de créativité et de passion.
Leurs premiers modèles en ont épatés plus d’un et la suite a l’air aussi réjouissante pour les passionnés de belles mécaniques.

 

2 comments

  1. On ne peut dire chapeau bas pour les frères Rexhepi. Leur créativité et surtout leur persévérance peut servir comme exemple au reste des passionnés de l’horlogerie.

  2. J’aime tout dans cet article sur lequel je viens de tomber par hasard SAUF la partie mouvement ou vous nous parlez de ses terminaisons en effleurant le fait que se soit une base BNB sans autres explications.
    Certes beaucoup ” d’horlogers ” l’utilisent mais n’en parlent pas trop……Pourquoi ?
    Peut on vraiment parler dans ce cas de créations horlogères surtout quand il s’agit de tourbillon ?
    Pour moi un horloger maîtrise son calibre pour ensuite broder autour…Non ?
    Bref on customise comme d’habitude.
    J’ai bien aimé l’interprétation de Favre au niveau du pont sur la circonférence du mouvement mais un arbre cache la forêt. C’est très bien fait mais j’attends plus du génie.
    Salut !

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