Quelle montre porte Sarah Knafo ?

Après avoir disséqué les montres d’Emmanuel Macron, celle d’Éric Zemmour et le poignet très médiatisé de Jordan Bardella, il était logique de poursuivre le tour de table de la nouvelle droite française. Cette fois, on s’intéresse à la montre de celle qui, longtemps, a été présentée comme la « stratège de l’ombre » : Sarah Knafo.

La députée européenne, passée par Sciences Po, l’ENA et la Cour des comptes, bras droit puis compagne d’Éric Zemmour, s’est imposée comme l’une des figures montantes du parti Reconquête !, avant de siéger à Strasbourg au Parlement européen. Une femme de dossiers, de dette publique, de coups politiques calibrés. Le détail qui nous intéresse ici, c’est ce que cette trentenaire porte au poignet.

Non, ce n’est pas une Daytona en or pavée de diamants. La montre qu’on observe à son poignet est une Rolex Oyster Air-King réf. 114200, cadran bleu à index arabes, un modèle en acier de 34 mm (je pense), automatique, considéré comme une « entrée de gamme » chez Rolex. Entrée de gamme à 5 000–6 000 € sur le marché de l’occasion, certes, mais à ce niveau-là, dans l’horlogerie suisse, on parle plutôt de ticket d’entrée que d’extravagance.

Autrement dit : une montre qui dit « je suis installée », sans hurler « je dépense votre argent ». Pour quelqu’un dont le cheval de bataille est de répéter que l’État doit faire des économies, le message est cohérent : oui, c’est une Rolex, mais raisonnable à l’échelle de ce milieu. Et oui, quand on prêche la frugalité de l’État, chaque détail de style est disséqué. À ce jeu-là, l’Air-King 114200 est une option subtile : une vraie Rolex, mais dans sa forme la plus compacte, la plus sobre et – osons l’oxymore – la plus « économe ».

Rolex Air-King : d’une cabine de Spitfire au poignet de Sarah Knafo

Avant de zoomer sur la référence 114200, il faut se souvenir de ce qu’est, historiquement, une Rolex Air-King. Ce n’est pas, à l’origine, la montre des plateaux télé, mais celle des cockpits.

La ligne Air-King naît au milieu des années 1940. Hans Wilsdorf, fondateur de Rolex, rend hommage aux pilotes britanniques de la RAF engagés dans la bataille d’Angleterre en créant une série de montres « Air » (Air-Lion, Air-Giant, Air-Tiger, Air-King). L’Air-King sera la seule à survivre dans le catalogue jusqu’à nos jours.

En 1957, la référence 5500 fixe les codes du modèle : boîtier Oyster acier de 34 mm, cadran dépouillé, trois aiguilles, mouvement automatique robuste, et un positionnement un peu en dessous des grandes stars de la maison (Submariner, Datejust, Explorer). C’est la Rolex du pilote, du technicien, de celui qui préfère la précision à la brillance mondaine.

Longtemps considérée comme « la Rolex discrète », l’Air-King a gardé cette identité : sportive sans être ostentatoire, plus proche de l’instrument que du bijou. La version 114200 que porte Sarah Knafo s’inscrit exactement dans cette lignée.

Rolex Oyster Air-King 114200 : fiche d’identité

La référence 114200 apparaît au milieu des années 2000 et reste au catalogue jusqu’au milieu des années 2010. Techniquement, c’est une sorte de chaînon entre l’Air-King historique et l’Oyster Perpetual 34 moderne : un boîtier de 34 mm en acier, un mouvement automatique maison, et toute l’architecture Oyster contemporaine.

Boîtier : 34 mm qui assument la sobriété

• Diamètre : 34 mm – un format aujourd’hui presque « vintage », parfaitement unisexe. Sur un poignet féminin, cela reste très présent sans basculer dans le massif.
• Matière : acier inoxydable Oystersteel, poli et satiné, réputé pour sa résistance à la corrosion.
• Étanchéité : 100 m (10 ATM) grâce à la couronne vissée Twinlock et au fond vissé.
• Lunette : lisse, en acier, qui renforce la pureté du dessin.
• Verre : saphir inrayable, sans loupe Cyclops puisque le modèle est sans date.

À l’œil, c’est l’archétype de la Rolex sobre : pas de lunette cannelée, pas d’or, pas de diamants. Juste un rond d’acier très bien proportionné. La montre de quelqu’un qui aime les choses chères, mais qui n’a pas besoin de le crier sur tous les plateaux de CNews.

Cadran : bleu et chiffres arabes 3-6-9

• Cadran : bleu, parfois dit « concentric blue » sur certaines séries, avec un jeu subtil de cercles et de reflets. :
• Index : appliques bâtons et chiffres arabes 3-6-9, signature visuelle de nombreuses Air-King.
• Aiguilles : heures, minutes, secondes centrales, traitées luminescentes pour la lisibilité nocturne.

Ce cadran 3-6-9 bleu, c’est un peu l’Explorer qui aurait rétréci au lavage : même lisibilité, même typographie, mais dans un boîtier plus compact et dépouillé.

Mouvement : calibre Rolex 3130

• Calibre : Rolex 3130, mouvement automatique à remontage bidirectionnel, entièrement conçu et produit en interne.
• Réserve de marche : environ 48 heures.
• Nombre de rubis : 31.
• Fréquence : 28 800 a/h, seconde fluide et précision chronométrique.
• Fonctions : heures, minutes, secondes centrales – pas de date, donc pas de complication superflue ni de risque de mauvaise mise à l’heure en fin de mois.

Le 3130 est un tracteur : fiable, précis, capable d’encaisser des décennies de service avec un entretien régulier. C’est le genre de mécanique qu’on offre à une montre qu’on veut garder longtemps, pas à un gadget de saison.

Bracelet : Oyster en acier

• Type : bracelet Oyster en acier, trois maillons pleins, alternance de surfaces brossées et polies.
• Fermoir : boucle Oysterclasp déployante, avec maillons pleins et end-links solides.

Ce bracelet, c’est la moitié de l’ADN Rolex : confortable, robuste, immédiatement identifiable. Il fait basculer l’Air-King 114200 dans la catégorie des montres « de tous les jours » – celle qu’on met le matin avec un tailleur, qu’on garde pour les réunions, les déplacements, les votes au Parlement … et les interviews sur la dette publique.

Prix et positionnement : une Rolex « d’austérité » ?

La référence 114200 n’est plus produite. Elle se trouve aujourd’hui sur le marché de l’occasion aux alentours de 4 500 à un peu plus de 6 000 € selon l’état, l’année, la présence de boîte et papiers, et la couleur du cadran.

Pour le commun des mortels, c’est évidemment une somme très sérieuse. Mais dans l’écosystème Rolex, c’est une porte d’entrée : on est loin des montres professionnelles en acier qui flambent en prix de liste et explosent en seconde main. Ici, pas de spéculation délirante, juste une Rolex solide, discrète, que l’on achète plus pour la porter que pour la retourner sur Chrono24.

Pour Sarah Knafo, le signal est double :

• Oui, c’est une Rolex : symbole social évident, qui dit « je joue dans la cour des grands ».
• Mais c’est une Air-King 34 mm : le modèle le plus modeste du catalogue à l’époque, sans or, sans complication, sans éclat tapageur.

On pourrait résumer ainsi : sa montre est plus consensuelle que ses positions politiques.

Ce que cette Air-King dit du style Knafo

À force d’observer les poignets de cette petite galaxie politique, un motif se dessine : la montre n’est jamais totalement neutre. Chez Sarah Knafo, cette Rolex Air-King 114200 raconte plusieurs choses :

• Une volonté de sérieux : cadran bleu simple, trois aiguilles, pas de fioritures. On est du côté des instruments, pas des bijoux clinquants.
• Un statut assumé : Rolex reste, pour le grand public, la marque-totem. Elle a pris l’ascenseur social et la montre en est un marqueur évident.
• Une certaine cohérence avec son discours : dans le camp de ceux qui répètent que l’État doit cesser de brûler l’argent des contribuables, une Air-King de 34 mm fait moins désordre qu’une Day-Date en or sur bracelet President.
• Un choix générationnel : à 30 ans passés, choisir un diamètre de 34 mm à l’heure où tout le monde veut du 41 mm, c’est un clin d’œil aux proportions vintage – celles qu’affectionnent justement les amateurs d’horlogerie contemporaine un peu informés.

Au final, cette Air-King n’est ni un scandale, ni un manifeste, mais un révélateur. Elle montre une chose simple : la nouvelle droite radicale ne méprise pas les codes du luxe – elle les manie, mais avec prudence, en choisissant ce qu’il faut d’ostentation pour être prise au sérieux, et ce qu’il faut de retenue pour ne pas se faire crucifier sur X (ex-Twitter).

FAQ – La montre de Sarah Knafo

Quel modèle de montre porte Sarah Knafo ?

Les photos récentes montrent Sarah Knafo portant une Rolex Oyster Air-King réf. 114200 en acier, avec cadran bleu et chiffres arabes 3-6-9, diamètre 34 mm, sur bracelet Oyster acier.

Quel est le prix d’une Rolex Air-King 114200 ?

La référence 114200 n’est plus produite. Sur le marché de l’occasion, les prix tournent autour de 4 500 à 6 000 € selon l’état, l’année, les accessoires (boîte, papiers) et la configuration de cadran.

Cette Air-King est-elle une « entrée de gamme » chez Rolex ?

Oui. À l’époque de sa production, l’Air-King (puis l’Oyster Perpetual 34) faisait partie des modèles les plus abordables du catalogue. Cela n’enlève rien à la qualité du boîtier Oyster, du bracelet acier ni du mouvement automatique 3130, qui restent pleinement « Rolex ».

La Rolex Air-King a-t-elle une histoire particulière ?

Oui. Créée en 1945 pour rendre hommage aux pilotes britanniques de la RAF engagés dans la Seconde Guerre mondiale, l’Air-King est le dernier vestige d’une série de montres « Air » (Air-Lion, Air-Giant, Air-Tiger, Air-King). Elle est longtemps restée la Rolex la plus simple et la plus accessible, conçue comme un instrument de précision avant tout.

La montre de Sarah Knafo est-elle cohérente avec son discours sur les économies de l’État ?

Chacun jugera. D’un point de vue horloger pur, elle a choisi une vraie Rolex, mais dans sa version la plus sobre et la plus compacte : acier, 34 mm, trois aiguilles, pas de complications ostentatoires. À l’échelle des montres de pouvoir, son Air-King reste une pièce relativement raisonnable – surtout dans un univers où certains élus affichent des chronographes qui valent plusieurs années de salaire.