Le Quantième perpétuel revisité par MB&F 

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J’ai rencontré pour la première fois Max Busser à un GTE ou il présentait sa Legacy Machine n°1. Ce qui vous saute tout de suite aux yeux chez lui, c’est la passion qui l’anime ; passion pour la belle horlogerie, la créativité, l’innovation et l’amour du travail bien fait. Max Busser était en déplacement à Singapore pendant cette présentation mais cette passion précédemment évoquée est partagée par toute son équipe.

Du moment ou vous rentrez chez MB&F à la M.A.D Gallery, le temps a tendance à se dilater. On oscille entre émerveillement enfantin devant des mobiles en lévitations et l’admiration des garde-temps de la marque.

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Bref un concept aboutie et une cohérence parfaite doublé d’une équipe passionné qui sait transmettre l’esprit de cette marque hors du commun.

Parlons un peu de cette fameuse New Legacy Machine. Que la surprise fut bonne de faire la connaissance  de la « Legacy Machine Perpetual » qui comme son nom l’indique est un quantième perpétuel. Mais attention chez MB&F on n’aime pas les conventions et l’ADN de la marque est plus que présente dans ce garde-temps hors norme.

Pour moi comme pour beaucoup d’autres personnes travaillant pour ou s’intéressant à l’horlogerie, un quantième perpétuel consiste en un module additionnel ajouté à un mouvement « classique ». D’autres constructions existent mais la majorité des QP vendus sont sur cette base.

Cette construction « classique » est caractérisée par une grande bascule centrale appelée aussi levier multiple agissant tous les jours sur les différentes étoiles indiquant jours, mois, numéro du jour.

Chez MB&F on réinvente le QP en supprimant cette grande bascule et en la remplaçant par un « processeur mécanique ». Sans rentrer dans le détail, c’est une sorte de roue constituée d’une superposition de disques tous indépendants les uns des autres ayant pour rôle de transmettre une force aux différentes étoiles au moment voulu. Le brevet de ce processeur mécanique est en cour.

Pour ce projet fou, comme à leur habitude, MB&F a collaboré avec un prodige de l’horlogerie : Stephen McDonnell.

Max et Stephen se connaissent de longue date, à l’époque des débuts de MB&F, il donne un petit coup de pouce technique permettant à la marque de finaliser un de leur premier projet.

Stephen McDonnell s’est toujours intéressé à l’horlogerie mais l’Irlande du nord n’est pas un pays de traditions horlogères. Gardant cette passion comme hobby il se lance dans des études de théologie à Oxford mais l’addiction à la mécanique du temps le rattrape, il va quitter son Irlande natale pour la Suisse où il suivra diverses formations avant de devenir lui même formateur au WOSTEP à Neuchâtel.

Il va vite s’intéresser et se former a la conception et construction de mouvement. Ses capacités, sa ténacité et sa passion en feront vite un talentueux prototypiste maîtrisant toutes les étapes de la mise au point d’une complication.

Voilà la présentation est terminée, maintenant il est temps de passer aux choses sérieuses et de voir la bête.

Deux versions : une en platine 950 et une autre en or rose 5N+, le + étant une addition de palladium ayant pour but de protéger de l’oxydation dans le temps.

Possédant seulement deux modèle finalisés, Max Busser étant à Singapour avec la version Platine, nous aurons droit au modèle en or rose.

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La voilà enfin, ce qui frappe tout de suite en la voyant c’est ses dimensions, un diamètre de 44mm en font une montre portable tous les jours. Son poids et son épaisseur vont dans se sens et en font un instrument horaire « discret » comparé a d’autres garde-temps de la marque.

De plus près ce quantième perpétuel « ajouré » est une petite merveille, les différents cadrans semblent flotter entre la glace et le mouvement. Le balancier à masselottes et son spiral Breguet bat comme un cœur au centre de ce bijou à la vitesse de 18000 alternances heures ce qui laisse bien le temps d’admirer le développement du spiral.

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Une des originalités de ce balancier-spiral se trouve au niveau de l’axe de balancier. Etant donné que l’échappement se trouve au dos du mouvement (coté ponts) la longueur de l’axe mesure 16mm, ce qui est énorme et rarement vu dans une construction moderne.

Une boite aux lignes classiques laisse toute la vedette à la complication. Un vrai spectacle mécanique trop souvent caché derrière un cadran.

Quatre petits correcteurs à la manière de mini poussoirs  permettent à l’utilisateur de faire les corrections directement aux doigts sans avoir a recourir à un objet risquant de rayer la boîte.

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Une des innovations de cette Legacy Machine Perpetual tient dans un ingénieux mécanisme permettant de désactiver la fonction des correcteurs au moment où ceux-ci ne doivent justement pas être utilisés (lors des changements de dates).

C’était dans le cahier des charges de ce projet : éviter la montre boomerang, image utilisée pour décrire la montre qui revient au SAV. Ce qui est souvent le cas des quantièmes perpétuels traditionnels, très souvent dû a une mauvaise manipulation.

Ce système permet de réduire grandement le risque de casse.

Une réserve de marche de 72 heures mais se rapprochant plus des 100 heures grâce à deux barillets. Cette réserve de marche est indiqué coté cadran comme l’indication des années bissextiles, un compteur jours, mois, le numéro du jour et à midi un cadran horaire à peine plus grand que les autres. Il est vrai qu’en voyant cette machine on oublie presque que sa fonction première est de nous indiquer l’heure.

Concernant la décoration du mouvement on reste très cohérent avec le coté exceptionnelle de la pièce. Un travail magnifique de satinage des ponts de minuterie avec anglage main. Concernant le dos, même combat, avec un côté plus classique dans la décoration. Très belle côtes de Genève sur ponts anglés main, chatons des rubis en or et gravure main. Le tout pour un rendu superbe très moderne coté cadran et plus traditionnel pour le dos de la pièce.

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Cette pièce nous a vraiment tous séduit, pour ses innovations et son style, à la fois moderne mais en conservant les codes de la haute horlogerie Suisse.

MB&F donne un sacré coup de jeune au quantième perpétuel en le rendant sexy et désirable. Dans un climat horloger plutôt morose, l’enthousiasme se dégageant de ce projet joliment abouti fait du bien au moral. Comme le disais JC Biver au GPHG le mois dernier : « l’horlogerie a besoin de créativité, c’est la clé pour se réinventer » à ce niveau on peut dire que MB&F excelle.

Encore une belle réussite pour MB&F.

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