J’ai acheté une montre automatique chinoise

Montre-automatique-chinoise-Eyki

Si vous vous promenez parfois sur des sites de vente en ligne à caractère … Horloger, et dont les sièges sociaux sont plutôt du côté de l’Est, vous êtes certainement déjà tombé nez à nez avec des montres automatiques chinoises.

Chronographes, phases de lune, quantième perpétuel et même tourbillon, les usines chinoises regorgent de montres aux complications les plus abouties (?) … Du moins sur le papier.

Mais qu’en est-il en réalité ? Au risque d’être enduit de goudron et recouvert de plumes sur la place publique, j’ai sauté le pas et commandé une montre automatique chinoise.

J’ai évidemment évité les sites proposant des répliques de montres avec leur fameuse notation triple A pour attester de la qualité de celles-ci comme s’il existait un Fitch ou un Moody’s des copies. Rappelons que ce business est illégal et déloyal envers les marques dotées d’un véritable savoir-faire, qui investissent en recherche et développement, et qui se font donc piller par ces gens peu scrupuleux.

Je me suis donc rabattu sur une marque issue d’un OEM (Original Equipment Manufacturer) qui fabrique des montres pour des sociétés qui les vendront sous leur propre marque. C’est a priori le cas de Eyki. Reconnaissons que les modèles de cette marque et de ces OEM ne sont pas le fruit d’une intense recherche esthétique par des designers chevronnés mais bel et bien une grosse prise d’inspiration auprès des modèles de véritables marques.

J’optais pour une montre squelette afin d’être en mesure d’observer la mécanique sans avoir à ouvrir le fond car je doute que cela soit conseillé sur ce type de montres. Le prix vertigineux de 23 € de la EYKI 8560 ne m’occasionnerait pas une trop grande déception.

Montre-mecanique-automatique-Eyki

A ce stade, la question reste entière : comment est-il possible de produire une montre automatique si peu chère ?

Quelques semaines après mon achat, la montre me parvient luxueusement emballée dans son précieux écrin : un sachet en plastique.

La montre est étonnamment légère malgré un boîtier en métal (ce qui reste à prouver !) de 43 mm.

L’aspect est très satisfaisant, la montre est, je dois le concéder, jolie.

Montre-chinoise-auto

montre-Eyki-8560

Le bracelet diffuse une odeur de colle à défaut du parfum de cuir que je soupçonne par ailleurs d’être fait de peau de rat tannée (je précise qu’il s’ agit de second degré).

Le fond de la montre offre une bonne visibilité sur le mouvement et le rotor décoré Côtes de Genève, s’il vous plaît ! La masse oscillante fonctionne bien, ce qui laisse imaginer que la montre délivrera tout de même une certaine réserve de marche si portée au préalable. La couronne est également fonctionnelle.

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La glace fumée est en hardlex. Cette matière bénéficie d’une résistance aux chocs proche de celle du plexiglass mais est moins sensible aux rayures que celui-ci. En revanche, elle se rayera plus facilement que le saphir.

Bombée, il semble que seule la surface supérieure a été taillée, d’où l’effet loupe si l’on scrute la montre selon un certain angle.

Montre-Eyki-8850

Les barrettes de maintien du bracelet entre les cornes paraissent vraiment peu solides et ne tarderont certainement pas à lâcher.

Passée rapidement sous la loupe d’un horloger, il semblerait que des éléments du mouvement de la montre ne servent à rien et sont présents uniquement pour l’esthétisme. Dommage pour les amateurs qui désirent utiliser une montre automatique chinoise pour se familiariser avec la mécanique automatique.

Vérifions à présent la précision du mouvement à l’aide d’un chronoscope Witschi qui va enregistrer les bruits de battement.

mesure-precision-montre-sur-Witschi

Le résultat n’est certes pas à la hauteur d’un mouvement ETA bien réglé mais il n’en reste pas moins précis et régulier comme en atteste la courbe régulière du diagramme. Une bonne surprise, mais pour combien de temps ?

En conclusion, si la qualité n’est sans aucune mesure avec le savoir-faire des marques suisses, il faut tout de même saluer (ou s’inquiéter de) la prouesse de vendre une telle montre automatique à un prix aussi modique. Nul doute que ces montres ne détourneront pas les passionnés, les acheteurs à la recherche de qualité, de design, de prouesses techniques ou de SAV, des marques helvétiques. Elles pourraient peut-être même démocratiser l’automatique chez des consommateurs s’orientant par la suite sur des véritables marques, qui sait ?

Sur les forums, des possesseurs de modèles de cette marque font état de masse oscillantes immobiles, de couronnes cassées à la première manipulation … Oui, il est peu probable que des montres à moins de 30 € bénéficient d’un contrôle qualité. Préférez donc la qualité d’une marque légitime.

9 comments

  1. Bonjour
    La phrase “ne detourneront pas les amateurs à la recherche de design” n’est pas très réaliste. J’ai justement acheté une chinoise, par curiosité c’est vrai, mais surtout pour son design !

  2. Je parcours les sites à la recherche d’infos sur ces montres à très bas prix (surnommées perron par certains), et les plus enthousiastes n’hésitent pas à redépenser 15 ou 20 euros dans un bracelet correct.
    Merci pour ton retour long terme, même si je me doute que ce genre d’achat est vraiment de la loterie.

  3. Bonjour
    j’aime les montres automatique.
    j’en ai donc acheté en Chine de 3 marques différentes entre 20 et 25 $ pce.
    Une était il me semble Russe.
    les 3 sont m’ont déçu car elles ont bien une masselotte (visible au dos, ce qui est ridicule) Mais justement, ces masselottes ne tournent que très mal.
    La mécanique est mal conçue (pas assez démultiplié probablement)

    Résultat: Ce sont des montres mécanique qu’il faut remonter ou bien elles s’arrêtent même portées toute la journée. Et de plu,s elles sont ÉNORMES pour porter au poignet (très épaisses!)

    Dégouté, je laisse passer… 1 an puis j’ai acheté une Soki automatique.
    , plus plate (pas comme une Eterna Matic bien sur, mais épaisseur raisonnable, diamètre aussi. Celle là fonctionnai super…Se remontait bien au poignet toute seule…Cependant, après 3 mois d’usage, je tire sur le remontoir pour avancer la date de 24 heures…Impossible de faire tourner les aiguilles!

    le reste fonctionne… Très déçu en fait …80 euro en tout pour que dalle.
    la Soki semble pourtant de bien meilleure qualité que les 3 autres, mais bon, peut être pas eu de bol.

    Elle au moins, dès qu’on la prends en main, au moindre mouvement, elle démarre…Pas les autres.

    Comme elle coûte moins cher qu’un bracelet Inox…Même pas la peine de penser à la faire réparer…Une de plus dans le tiroir…La vie continue.
    Les chinoiseries aussi.

  4. Moi j’ai eu une LIP Automatique valant un certain prix, pourtant une marque française sympa…la montre est parti en sucette au bout d’un an, le décor, les chiffres et le mouvement. Je pense que certaines montres chinoises/japonaises valent certaines marques, car une fois qu’ils ont le bon process, il savent faire à bas cout…

  5. Bonjour. Merci pour votre analyse intéressante. Il y a parmis les montres chinoises légales, différents stades de finition. Je vais me laissé tenter prochainement par une montre équipée d’un Sea-Gull ST1901 ou 1908 avec col de cygne.
    On observera qu’à l’époque de la CNC et du DAO, produire des calibres n’à jamais été aussi facile.
    Évoquons maintenant la vilaine méchante contrefaçon (dont je ne serai jamais client), affirmer qu’elle est déloyale envers les marques qui ont investi en recherche… me paraît excessif. Pourquoi ?
    Parce que les dites marques, prétendues victimes de la contrefaçon sont en réalité boostées par ce phénomène. Rolex sort 660 000 montres par an.

    Mais là n’est pas le plus cocasse. Les marques “victimes” de l’odieuse contrefaçon ont bâti leur fond de commerce sur du Bettlach, Dépraz, Ébauches SA, ETA, Landéron, Lémania, Martel, Minerva, Piguet, Reymond frères, Valjoux, Vénus, Zénith…
    Les célèbres emboîteurs : Audemars-Piguet, Breitling, Cartier, Girard-Perregaux, Jeager-LeCoultre, Oméga, Panerai, Patek-Philippe, Rolex, Tag-Heuer, Vacheron-Constantin et ceux que j’oublie, on fait bouillir la marmite en emboîtant du Valjoux jusqu’à plus soif.

    Ils sont où les véritables contrefacteurs usurpateurs d’identité ?
    De l’Everest en 53 au sol lunaire en 69, les story-telling des emboîteurs sonnent faux.

    Comble du cynisme les deux montres bracelet détenant les records de ventes aux enchères sont un Vajoux 13 et un Valjoux 72. Oups ! Ma langue a fauché. Je voulais dire un Patek-Philippe 1518 et un Rolex 727.

    Pour mémoire Ébauches SA-Valjoux a vendu aux débuts des années 60, les brevets du Venus 150 aux Russes de Poljot et ceux du Venus 175 aux Chinois de Sea-Gull.
    Le Venus 175 fabriqué (à la différence des coucous emboîteurs suisses) par Sea-Gull s’appelle ST1901 ou 1908, c’est précisément celui que je ne vais pas tardé à m’offrir.

    Tout de même… les faux horlogers vrais emboîteurs suisses se sont gavés pendant un siècle avec la sous-traitance de l’ombre. Quel toupet de venir jouer les pères Lavertue.

    Cordialement.

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